Gérer une urgence médicale à l’étranger quand on voyage seul(e) avec son chien

Aujourd’hui, je vais te raconter une anecdote qui m’est arrivée au mois de juin 2019. L’histoire te fera surement rigoler (je vis toujours des choses improbables), mais c’est la fin qui est importante.

Le jour où l’on s’est fait attaquer par un chat

Lorsque nous étions à Amsterdam, Cosmos et moi, nous avons campé légèrement en dehors de la ville. En fin de journée, après notre visite, nous avons pris le ferry pour traverser la baie et nous devions marcher environ 15 minutes dans une zone résidentielle pour rejoindre le camping.

Qui dit « zone résidentielle », dit aussi petits jardins ensoleillés. Et sur la pelouse de l’un d’eux, un chat profitait des premiers rayons de la saison pour faire la sieste. Malheureusement pour lui, et pour Cosmos, et pour moi, nous nous sommes tous aperçus de la présence des uns et des autres au même moment, soit lorsque nous étions à moins de 2 mètres d’écart. Ce qui a eu pour effet, trois réactions simultanées :

  • Cosmos a voulu le bouffer
  • J’ai immédiatement pris mon chien dans mes bras
  • Le chat m’a sauté dessus pour m’attaquer

Afin de calmer les esprits de tout le monde, j’ai voulu partir, tout en gardant mon chien dans les bras, mais le chat a continué à me donner de sérieux coups de griffes sur les pieds et les chevilles, puis à vouloir me monter le long de la jambe. J’ai donc commencé à courir (en tongs, short, avec mon sac à dos et mon chien surexcité dans les bras). Mais ce p*** de chat nous a encore poursuivi sur 500 mètres.

Le jour où j’ai choisis d’en rire

Une fois de retour au camping, j’ai pris une douche pour rincer le sang sur ma jambe (j’avais quand même quelques belles griffures) et … j’ai rigolé de ce moment avec Cosmos en buvant une bière (et lui en dégustant du fromage local).

Le jour où j’ai commencé à m’inquiéter

Trois ou quatre jour plus tard, à Ribe, j’ai profité du Wifi pour faire un appel vidéo avec mes parents. Entre deux éclats de rires, je leur raconte mon histoire… Eux, rigolent beaucoup moins, étonnamment… ?!?

S’en suit une brève (mais efficace) conversation sur les risques potentiels de transmission de maladies par griffures et morsures d’un animal sauvage. Je commence à rire jaune, mais j’ai trop de fierté pour admettre qu’ils ont raison.

Durant la nuit, tout se bouscule dans ma tête et, malheureusement, j’ai accès à Internet. Je commence donc à chercher les risques de transmission de la rage par un chat.

Le chat en question était-il sauvage ? Non, sinon il n’aurait pas défendu son jardin. A-t-il pu être en contact avec un animal malade ? Possible, puisqu’il y avait un grand parc forestier à moins d’un kilomètre. Il a peut être bouffé une chauve-souris malade et il a été contaminé. M’a-t-il seulement griffé ou aussi mordu ? Je sais plus…??? Suis-je dans une zone endémique ?

Et puis, j’ai fini par tomber sur le site de l’institut pasteur.fr : Le virus rabique est neurotrope : il infecte le système nerveux et affecte son fonctionnement. {…] Après quelques jours à quelques mois d’incubation le plus souvent, l’individu atteint développe un tableau d’encéphalite. La phase symptomatique débute souvent par une dysphagie (difficulté à avaler) et des troubles neuropsychiatriques variés, notamment l’anxiété et l’agitation. L’hydrophobie est parfois présente (due à la dysphagie). Une fois les signes déclarés, l’évolution se fait vers le coma et la mort (souvent par arrêt respiratoire) en quelques heures à quelques jours. Hormis quelques cas décrits, l’issue est toujours fatale lorsque la maladie est déclarée. Le traitement préventif de la rage suite à une exposition commence par un traitement non spécifique : nettoyage des plaies, antisepsie. La prophylaxie post-exposition en elle-même, comprend une vaccination, accompagnée d’une sérothérapie antirabique dans certains cas. Le traitement doit être effectué le plus rapidement possible après exposition, avant l’apparition des premiers symptômes qui signe une évolution inexorablement fatale. Cette prophylaxie consiste en 4 ou 5 injections intramusculaires de vaccin réparties sur un mois et elle est bien tolérée.

Le jour où j’ai hésité à me faire rapatrier

Autant t’avouer sans honte que là, c’était panique à bord dans ma tête ! Première question : Mais pourquoi B***, pourquoi je n’ai pas désinfecté les plaies ce soir là ??? Maintenant, elles sont violacées et douloureuses, mais impossible de savoir si c’est à cause de l’infection qui s’installe ou si c’est autre chose…! En plus, ça aurait pu limiter les risques de transmission de la rage, s’il y a bien un risque de rage…

Ca fait déjà quoi ? 3 jours ? 4 ? 5 ? Ha… Je vais regarder la date sur les photos de ce jour là… 4 Jours !!! Ça fait déjà 4 jours !!! Et les premiers symptômes peuvent apparaitre au bout d’une semaine seulement, et si c’est le cas, ya plus rien à faire !!!

Il est 2h du mat’ mais peut importe. Y’a urgence, je Whattsapp mon médecin, en Suisse. Lequel est vraiment adorable et me répond dans la demi-heure… Qu’il ne trouve aucune information sur les risques de rage aux Pays-Bas, mais que si j’ai un doute, il faut que je me rende à l’hôpital le plus proche pour recevoir une première injection de vaccin.

Je décide alors d’appeler mon assurance rapatriement / assistance à l’étranger, qui me met en relation avec un médecin spécialisé à Genève dans ce type de risque. Ce dernier ne trouve rien non plus, et après une bonne heure de recherche, décide lui-aussi de me rediriger vers l’hôpital danois le plus proche. Selon lui, il faut agir tout de suite et ne pas attendre encore 3 jours, temps que j’aurais mis à rentrer en voiture.

Le jour où j’ai dû trouver une solution de garde pour mon chien en urgence

Voyager seule avec son chien en mode roadtrip, en dormant dans sa voiture, c’est vraiment génial. Mais ça a ses limites. Et je les ai découvertes avec cette mésaventures. Car au Danemark, il n’y a pas des hôpitaux dans toutes les villes. J’ai dû rouler plus de 40 minutes pour en trouver un. Qui n’avait pas de service « d’urgences » comme chez nous.

Dans la salle d’attente, j’ai juste trouvé un téléphone, qui permettait de prendre rendez-vous suivant la gravité de la situation. Et comme je ne comprenais rien à ce que le serveur vocal me racontait (en danois !!!), les infirmières de l’accueil ont fini par me donner un rendez-vous une heure plus tard.

Oui mais voilà ! Nous étions au mois de juin. Il n’était que 9h00 du matin et il faisait déjà 20 degrés. Le parking de l’hôpital n’était pas ombragé et je n’avais pas le droit d’emmener mon chien avec moi à la consultation (j’avais quand même demandé !!).

En une heure, j’ai fait le tour de la ville à la recherche d’un parking souterrain (ou du moins une place à l’ombre), découvert qu’il n’y avait pas de vétérinaire (j’étais prête à payer une consultation juste pour qu’ils me le gardent), et que les postes de Police n’ont rien a voir avec chez nous (il fallait prendre un numéro et attendre son tour, avec au moins 25 personnes devant moi). Bref, j’ai dû me rendre à l’évidence, aucune solution ne se dessinanit.

Je suis donc retournée sur le parking de l’hôpital, où j’ai enfin trouvé une place ombragée. J’ai ouvert toutes les fenêtres, placés les isolations contre la chaleur comme je pouvais, mis une gamelle d’eau à disposition de Cosmos et déposé bien en évidence un immense panneau avec mon téléphone sur le parebrise, en indiquant où je me trouvais.

Le jour où j’ai passé la visite médicale la plus rapide de toute ma vie

De retour au bureau des infirmières, je leur explique, encore uen fois la situation. Comme le médecin avait du retard, j’ai informé (je n’ai pas demandé la permission mais imposé mes conditions) que j’allais attendre dehors avec mon chien et qu’ils n’avaient qu’à venir me chercher là-bas.

Étonnamment, une place s’est libérée immédiatement, et le médecin est arrivé. Encore une fois, je lui ai expliqué la situation et là encore, c’est sûr un ton très affirmé que je lui ai laissé le choix : soit la consultation durait moins de 10 minutes, soit elle se déroulait sur le parking (j’étais prête à signer une décharge pour les aspects hygiéniques).

Et là…. le médecin éclate de rire !!! Il a fini par m’expliquer qu’en effet, je ne risquait pas de trouver d’informations sur la rage aux Pays-Bas, car elle a été éradiquée depuis plus de 20 ans. D’ailleurs, au Danemark non plus, ni dans le reste de l’Europe, raison pour laquelle il n’avait pas d’antidote. ( Voici la liste des pays indemnes de rage à ce jour : favv.be/santeanimale/rage/ ). La seule manière de contacter la rage en Europe, ce serait de me faire mordre (pas griffer… Morde profondément et à plusieurs reprises) directement par une chauvesouris ou un animal importé illégalement. Et même dans le cas hautement improbable où le chat serait parti chassé moins de 48h avant de m’attaquer et qu’il aurait mangé une chauve-souris contaminée, il n’y avait pas de risque de contamination.

Par contre, vu l’état de mes blessures (qui commençaient à s’infecter), j’ai eu droit à un rappel du tétanos. Soulagée, je retire la manche de mon pull… Mais non non, au Danemrak, c’est de la médecine militaire ! Vaccination directement dans le muscle du coup, sans désinfection préalable… Je me demande encore aujourd’hui si c’est une habitude chez eux ou si le médecin s’est venger ;-).

Toujours est-il qu’en 8 minutes chrono, j’étais prise en charge, rassurée, vaccinée et allégée de 100 € pour la consultation (facture griffonnée à la main au dos d’une chute de papier…). Je suis immédiatement retournée à la voiture en courant, où Cosmos roupillait paisiblement, dans la fraicheur. Heureusement !!

Le jour où j’ai découvert les limites du voyage en solo avec son chien

Il m’aura fallu près de 6 mois pour écrire cet article, et autant de temps pour rigoler de cette mésaventure. Parce que si une agression de chat prête à sourire, j’ai réalisé ce jour-là que la liberté offerte par la voiture aménagée amène d’autres contraintes en cas d’urgence.

Si j’avais été à l’hôtel, j’aurais pu laisser Cosmos dans la chambre le temps de trouver un médecin. Si j’avais été accompagnée, la solution était toute trouvée. Mais là, seule, à 1’300 km de chez moi, dans un pays où je ne parle pas la langue… je ne peux que remercier l’Univers que tout se soit bien déroulé et que je n’ai pas eu besoin de me faire hospitaliser. Car j’ai bien une assurance spéciale rapatriement pour Cosmos, mais ce que je n’avais jamais envisagé, c’est le laps de temps entre le moment où je les contacte et le moment où il sera pris en charge.

Le jour où j’ai maudit le médecin

Une fois que tout était terminé, je suis partie à la plage avec Cosmos, pour me remettre de mes émotions et lui permettre de se défouler les pattes, avant de retourner au camping. S’en sont suivis 3 jours terribles pour moi. A l’endroit de l’injection du vaccin, j’ai fait une forte réaction, laquelle s’est transformé en une grosse boule dure de la taille d’une balle de pingpong, juste entre le coup et l’épaule. Impossible de porter un sac à dos. Le simple fait de lever le bras pour m’habiller était douloureux. Alors je ne te raconte pas l’inconfort pour m’installer et dormir dans la voiture. J’avais mal partout, j’étais fiévreuse, incapable de manger… J’étais si mal que même le réconfort et les câlins de Cosmos ne suffisaient plus. Il m’a fallu près d’une heure de conversation au téléphone avec ma Maman (vous voyez, ça m’arrive de la tenir au courant des fois…) pour retrouver le moral et ne pas faire demi-tour pour rentrer à la maison.

Voilà, l’article était un peu long, mais de la même manière que j’adore raconter nos aventures, il me semblait important aujourd’hui de te parler, aussi, de l’envers du décor, car on vit des galères parfois. Le plus important à mes yeux, c’est de te faire bénéficier de nos expériences pour que tu ne vous retrouves pas dans la même situation.

Je profite encore de ce post pour rappeler l‘importance de la carte ICE.

Le jour où j’ai réalisé mon inconscience

Depuis, je suis retournée voir mon médecin de famille, et j’ai pris rendez-vous le mois prochain pour faire les vaccins préventifs contre la rage. Parque si chez nous, normalement, on ne risque plus rien, cette maladie existe encore dans le reste du monde. A commencer par la Bosnie-Herzegovine, pays que nous avons visité l’année dernière, et dans lequel je ne me suis pas gênée de caresser les chiens que nous croisions. Quand on voyage avec son chien… Le risque de bagarre existe. Et qui dit bagarre, dit aussi risque de morsures en les séparant.

Il m’aura fallu un événement anodin aux Pays-Bas pour réaliser que je parcours le monde entier depuis 10 ans, sans jamais avoir envisagé que je prenais un risque en caressant les animaux errants (je pense notamment à mes voyages en Afrique et en Amérique du Sud).

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Ma devise : « Jamais sans mon chien ». Après avoir fait le tour du monde seule, Cosmos est arrivé dans ma vie. A présent, nous vivons de grandes aventures tous les deux ! Découvre nos deux livres : « Voyager avec son chien – Guide pratique » et « Mon Chien s’appelle Cosmos »

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